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Le numéro 2 de L'Étincelle est arrivé !


Après la lecture du premier numéro de L'Étincelle, beaucoup de lecteurs ont été enthousiastes. Pourtant, la même question revient presque tout le temps : « OK, d’accord, ni la démocratie à l’occidental, ni les théocraties islamistes ne sont de bons systèmes. Mais alors, c’est quoi ? Qu’est-ce que l’on doit faire ? Vous proposez quoi ? ».
Or ce premier numéro de L'Étincelle, sans rentrer dans des modalités pratiques, indique pourtant clairement une direction à suivre. Nous avons ainsi constaté que si certains de nos lecteurs avaient autant de difficultés pour passer des principes exposés aux modalités pratiques de mise en application, c’est tout simplement à cause de la déformation créée par la propagande officielle qui emprisonne les esprits à l’intérieur d’un cadre inadapté à toute réflexion.
Nous avons alors décidé, plutôt que de parler des « principes », d’exposer l’histoire que l’on nous cache, celle de nos systèmes de gouvernance actuels. En effet, nous avons constaté qu’il fallait déjà découvrir la nature odieuse, noire et surtout mensongère de nos systèmes de gouvernance pour être capable d’avoir une réflexion claire et efficace sur un nouveau système.
Nous avons donc compilé et commenté quelques articles collectés sur le Net et proposé quelques liens vers des vidéos dans un numéro 2 de L’Étincelle. Nous recommandons finalement de lire d’abord le numéro 2 de L’Étincelle en préalable à la lecture du premier numéro.
Nous espérons que ce petit travail incitera les lecteurs à poursuivre eux-mêmes leur recherche sur ce qui est certainement une des plus grandes manipulations de l’histoire de l’humanité : faire apprécier aux hommes et même les faire militer et se battre pour défendre un système qui a été entièrement conçu et mis en œuvre pour les asservir !
La démocratie est malade !
(Article publié en rubrique Opinion - La Presse le 21 juin)

Cette forme de "gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple" comme le disait Abraham Lincoln, repose sur le vote des citoyens et la confiance qu’ils accordent dans leurs représentants élus. Or, partout dans le monde, les taux d’abstention progressent inéluctablement, jusqu’à atteindre un seuil critique où le vote n’aura plus aucune valeur. Pire que cela, après une progression continue de l’abstention qui révélait une contestation passive des citoyens face au système, les vielles démocraties connaissent cette année une contestation active contre l’ensemble de la classe politique de leur pays avec des manifestations et des sit-in. Ce mouvement a débuté en Espagne sous le nom des "indignados" (les "indignées") puis s’est étendu à la Grèce et ne manquera pas de s’étendre, dès la traditionnelle "rentrée sociale", voire même dès l’été, à d’autres pays d’Europe. La nouveauté, c’est que le manque de confiance touche dorénavant l’ensemble des politiciens et des partis politiques, quel que soit leur positionnement.
Dans les jeunes démocraties bâties sur les ruines toutes fraiches d’une dictature, la situation n’est bien souvent pas meilleure. Au contraire, dans des pays comme l’Ukraine, la Géorgie ou l’Iraq, les espoirs suscités par la chute du dictateur on dû laisser place à un désenchantement encore plus grand. Les citoyens de ces pays n’ont plus aucune confiance dans leurs partis politiques pour répondre à leurs aspirations !
Cette défiance généralisée des citoyens envers les partis et leurs membres démontre donc que, au-delà de leurs discours respectifs, ils présentent des caractéristiques communes qui ne permettent plus l’exercice de la démocratie dans des conditions acceptables. L’origine de cette maladie de la démocratie est dans tous les cas clairement désignée par les peuples : la classe politique. Quels sont donc ces attributs partagés par tous les partis et par tous les politiciens, alors même que ceux-là ne cessent de nous répéter à longueur de temps combien ils sont différents les uns des autres ?
Nous constatons une identité de forme et une autre de fond. La forme, c’est que les profils psychologiques et plus généralement humains des personnes impliquées dans la politique sont parfaitement homogènes. Entre les vieux loups et les jeunes à l’ambition démesurée, il s’agit toujours de personnes qui, soit sont attirés par le pouvoir, soit se sont elles-mêmes convaincues qu’elles possèdent les qualités pour guider le peuple vers un avenir meilleur ! Dans tous les cas, il s’agit de personnes aux ego surdimensionnées qui ne peuvent donc obtenir la confiance des peuples. Et si certains citoyens des démocraties continuent à voter, c’est parce qu’ils sont devenus les otages des partis qui monopolisent l’accès au pouvoir tout en créant un filtre qui ne laisse passer que les candidats les plus orgueilleux, les plus manipulateurs, les plus rusés pour arriver aux premières places. Au moment de choisir un bulletin de vote, les citoyens en sont bien souvent réduits au choix du moins pire, mais certainement pas au choix de celui à qui ils accordent une confiance totale.
Au-delà de l’identité évidente de forme, la défiance envers la classe politique serait-elle renforcée par une identité de fond, c'est-à-dire des idées promues par les divers partis ? Dans les vielles démocraties, plus aucun doute à ce sujet car nous savons que les gouvernements de droite peuvent mener des politiques de gauche et vis et versa selon leurs intérêts. Mais en Tunisie, l’opposition majeure n’est pas droite/gauche mais plutôt laïque/islamiste. Peut-on également affirmer que ces deux courants politiques qui s’opposent sont identiques non seulement sur la forme (comme vu ci-dessus) mais aussi sur le fond ? Oui. Contrairement à toutes les idées reçues, nous pourrions démontrer point par point que les fondements sur lesquels repose la laïcité et ceux de l’islamisme politique moderne sont rigoureusement identiques mais cette démonstration serait difficile à résumer dans un simple article de presse. Nous dirons simplement que, contrairement à ce qu’affirme les salafistes qui prétendent ressembler à leurs lointains ancêtres, leur façon de penser est typiquement moderne, tout comme celle des partis islamistes modérés, et s’appuie sur des principes qui – comme ceux de la laïcité – sont tous en opposition fondamentale avec l’esprit traditionnel. Par ailleurs, nous ferons remarquer que, comme par hasard, ces deux formes de pensée sont apparues exactement en même temps. C’est en effet en 1744 que fut conclu un pacte entre Abd al-Wahhâb et Al Saoud, lors duquel ils se répartirent l’autorité religieuse et la souveraineté. Abd al-Wahhâb, en tant que fondateur du Wahhabisme, a été une source d’inspiration pour tous les courants de l’Islam politique moderne, qu’ils soient radicaux (comme les salafistes) ou modérés (frères musulmans, AKP, etc.). C’est donc exactement à la même période – en plein siècle des Lumières – que les courants de pensées mis en avant par nos partis laïques ou islamistes sont apparus. Certes, cette synchronicité n’est pas une preuve suffisante pour affirmer leur similitude, mais nous espérons avoir un jour l’occasion de vous démontrer qu’elle n’est pas le fruit du hasard...
Tous les sondages réalisés depuis la révolution montrent que les Tunisiens se méfient des partis. Les responsables de ces derniers nous expliquent que c’est par manque de maturité démocratique que le peuple n’a pas encore pris la peine de s’informer sur chaque parti. Nous pensons au contraire que le peuple tunisien fait preuve, là encore, d’une maturité exceptionnelle et qu’il a compris, par intuition ou par analyse de la situation dans d’autres pays, qu’une démocratie reposant sur des partis politiques le fera bien vite déchanter. Notre article ne fait donc que poser des mots sur une impression partagée par une majorité de tunisiens au nom duquel on ne parle malheureusement pas souvent, tant les partis s’accaparent la sphère médiatique.
Mais si les partis créent un filtre néfaste à la démocratie en favorisant des candidats inadaptés, une démocratie peut-elle exister sans eux ? Oui, bien sûr ! Mais il faudrait oser faire preuve d’innovation et de créativité au lieu de copier un modèle atteint par une maladie qui le détruit partout où il a été mis en place. Par ailleurs, bâtir une démocratie sans parti, c’est comme faire de l’économie de marché mondialisée sans multinationale : aujourd’hui, ce sont elles qui ont le pouvoir et ne vont certainement pas se laisser déposséder de celui-ci facilement, même si leur poids n’est pas majoritaire dans l’économie mondiale. De même, bien qu’une majorité de tunisiens, grâce à leur intuition ou leur esprit critique n’ont aucune confiance dans les partis politiques, il faudra déployer une énergie considérable pour satisfaire les espoirs de la révolution en favorisant l’apparition de candidats qui ont anéanti leur propre ego !
Par Amîn Ben Abdallah